L’idéal suisse
Le grand penseur conservateur brésilien Plinio Corrêa de Oliveira, dans son Noblesse et élites traditionnelles analogues dans les allocutions de Pie XII au Patriciat et à la Noblesse romaine (1993), postula le rôle prépondérant qui devrait revenir à la noblesse et aux élites traditionnelles analogues dans l’organisation de n’importe quelle société.
Et pour ce faire, il rappela les sociétés monarchiques et aristocratiques du Moyen Age, dans lesquelles la noblesse bien éduquée dans les vertus des traditions familiales se faisait non seulement la garante de l’équilibre dans la société, mais aussi la classe sociale propulsant les autres vers le haut.
Dans un de ses articles, il évoqua aussi le rôle idéal de la bourgeoisie, qui devait être centrée sur la qualité des objets qu’elle produit – d’où son prestige personnel au sein de la population –, et non sur la recherche effrénée du profit coûte que coûte.
L’histoire de la fondation de la Suisse appartient au savoir commun. Il serait toutefois bon de rappeler ici que lorsque la dynastie locale – et non autrichienne, comme le prétend la légende – des Habsbourg, appartenant à la haute noblesse, voulut s’ériger en puissance régionale et mettre la main de manière plus que convenable sur les taxes prélevées au col du Saint-Gothard, les paysans locaux se rebellèrent et luttèrent pour une juste répartition des richesses leur permettant de survivre au mieux malgré le rude climat des montagnes. On sait qui obtint gain de cause.
Et lorsque les villes marchandes du Plateau rejoignirent la Confédération naissante, elles garantirent aussi leur indépendance, de même que leurs profits. Elles en avaient certes moins besoin que les montagnards du Gothard, mais les richesses étaient bien réparties, contrairement au cas de la bourgeoisie de notre monde actuel.
Au niveau politique, il y avait certes des inégalités flagrantes dans les cantons dominés par des grandes villes, mais toutefois davantage de liberté que si ces grandes villes avaient été sous la coupe des Habsbourg. Quant à l’exemple le plus pur, il se perpétuait en montagne avec nos fameuses Landsgemeinden. Ainsi, les suisses devenaient les citoyens avisés que nous sommes aujourd’hui.
Plus émouvant encore, toute notre tradition de service militaire avant l’heure – avant toutefois la période du mercenariat. De Morgarten (1315) à Marignan (1515), exactement deux siècles de bravoure, de service et même de sacrifice du simple soldat helvétique au front. Souvenons-nous simplement de la merveilleuse et si touchante histoire du sacrifice christique de Winkelried.
Ainsi, grâce au merveilleux système de notre pays qui pousse les gens à donner le meilleur d’eux-mêmes, à la façon du docteur Plinio qui évoquait les vertus des traditions familiales de la noblesse, nous pouvons glorifier les vertus conférées par les traditions de notre peuple tout entier.
RH 73