Censure des idées : Lettre de Samuel Jared Taylor, nationaliste américain, interdit de territoire en Europe jusqu’en 2021.
Lettre depuis l’aéroport de Zurich
Je suis interdit de territoire en Europe et je serai expulsé demain.
29 mars 2019, Zurich,
Chers amis de Stockholm, de Turku et du monde entier,
Je suis au regret de devoir vous annoncer que je ne pourrai pas participer au forum Scandza de Stockholm ni à l’Awakening Conference de Turku en Finlande, où j’étais invité à m’exprimer. Aujourd’hui, à mon atterrissage à Zurich, alors que je devais prendre ma correspondance pour Stockholm, les autorités suisses m’ont informé que j’étais interdit de territoire européen jusqu’en 2021. Je passerai la nuit à l’aéroport et demain, je serai expulsé.
L’agent du contrôle des passeports à l’aéroport de Zurich avait déjà tamponné mon passeport et j’étais sur le point d’embarquer pour Stockholm, quand elle m’a rappelé en faisant de grands signes de la main. Elle a scruté son écran d’ordinateur et m’a dit que je devais attendre. Elle ne m’a pas dit pourquoi. Quelques minutes plus tard, un policier est arrivé et m’a dit que sur ordre de la Pologne, l’accès aux 26 pays de l’espace Schengen m’était interdit.
Il a dit que les Polonais n’avaient pas fourni le motif de ce bannissement et il m’a demandé ce que j’avais fait. J’ai répondu que je donnais des conférences sur l’immigration et que ça avait dû déplaire à quelqu’un en Pologne. “Cela fait de moi un criminel politique”, ai-je conclu.
L’agent m’a emmené en salle d’interrogatoire et m’a posé des questions sur les voyages que j’avais prévus. Il est allé dans une autre pièce pendant un moment, puis il est revenu avec un document à me faire signer, indiquant que j’avais pris connaissance du fait que l’entrée sur le territoire m’était refusée et que j’allais être renvoyé aux Etats-Unis. Après un autre temps d’attente, il a relevé mes empreintes digitales et m’a pris en photo.
Puis, il m’a adressé à un homme en civil qui m’a conduit dans une sorte de dortoir rudimentaire où j’ai passé la nuit. Les gens payent l’équivalent de 40 dollars pour y passer la nuit quand ils ratent leur vol. J’ai le droit de me promener dans le terminal, de passer des appels, d’utiliser internet et j’ai un ticket restaurant pour me sustenter durant les 12 heures à venir. L’agent a toutefois confisqué mon passeport et on ne me le rendra qu’après mon embarquement de retour.
Pourquoi la Pologne m’a-t-elle banni ? En septembre dernier, j’ai donné quelques conférences auprès de groupes nationalistes à Varsovie. Mes interventions ont bien marché, donc lorsque j’ai été invité en Lituanie et en Estonie en février, je suis retourné en Pologne et j’ai fait des discours à Lublin et à Varsovie. Il s’agissait de conférences privées, accessibles sur invitation uniquement, mais la police polonaise a eu vent de ces rassemblements. Ils ont dit à l’organisateur que si je violais une seule des lois polonaise sur les discours de haine, il serait tenu pour responsable. Ils ont dit que je “diffusais une idéologie totalitaire”.
Dans les deux villes, nous avons changé de locaux pour les conférences afin d’éviter une descente de police. Les conférences ont été un succès et à Varsovie, j’ai aussi donné deux interviews pour la télévision. J’ai quitté la Pologne en avion et je croyais le chapitre clos. Il faut croire qu’il ne l’était pas. Mes amis polonais me disent qu’ils vont tacher de connaître le motif de mon bannissement et essayer de faire appel.
Mais qu’est-ce que les Polonais s’imaginent ? Je ne suis pas un de ces Lénine ou Trotsky qui se recontraient à Paris pour conspirer au renversement de l’Occident tout entier. Je veux que la Pologne reste ce qu’elle est : le foyer superbe et éternel du peuple polonais. Ce que j’espère pour les Polonais correspond à ce que veulent la majorité des Polonais et correspond à peu près aux politiques menées par le régime. Je ne suis pas un danger pour la Pologne. Je suis un ami et un admirateur dévoué. Il y a trois ans, j’ai reçu une lettre de Theresa May, alors qu’elle était encore ministre de l’intérieur. Elle disait que mes opinions étaient répugnantes et qu’elle avait pris la décision de m’interdire l’entrée dans son pays. La Grande-Bretagne est la terre de mes ancêtres, de ma langue, de mes auteurs préférés, et voilà qu’on m’exilait. Ce fut un choc au goût amer.
Il y a tout juste quelques minutes, j’ai utilisé mon ticket restaurant au “Montreux Jazz Lounge” du Terminal E. J’ai regardé les gens manger, parler et rire, et je les ai enviés. Ils vont et viennent à leur guise. Le Terminal E est un endroit moderne et sans âme, mais c’est toujours l’Europe. Il fait partie de cette culture, de cet héritage et de ce peuple que j’aime d’un amour ardent et désespéré, auxquels j’ai consacré ma vie – et auquel on me refuse l’accès.
Vous et moi sauverons l’Europe en travaillant main dans la main avec nos frères et soeurs d’Europe. Nous la protègerons de toutes les menaces venant des quatre coins du monde. Mais la première de nos missions, et la plus difficile, est de la protéger d’elle-même.
Jared Taylor
(traduction par Solveig du site Suavelos)