La vérité blesse.

Dans un milieu de gens « bien » qui dirigent le monde, les personnes qui disent la vérité avec des termes crus dérangent. Exemples de ces dernières années:

– Les interrogations de Donald Trump sur l’immigration provenant de « pays de merde » (en anglais le terme était: « shithole countries ») ont fait polémique dans tout le monde anglophone.

Ce type propos ne dérange plus tant par leur vulgarité, des sociétés comme les nôtres en arrivent bientôt à un gros mot par phrase et ne sont plus à ça près; ce qui dérange là-dedans, c’est bien la vérité criante que ces propos exposent, et que la novlangue ou le politiquement correct ne parviennent pas à pointer.

Bien qu’il y ait peut-être une part d’individus éclairés dans ces pays, est-il techniquement faux d’employer de tels termes pour désigner des États faillis, en guerre civile quasi permanente, n’ayant jamais pu s’auto-gérer depuis des siècles malgré les aides externes, n’ayant jamais progressé par eux-mêmes bien que certains citoyens aient acquis des compétences dans les pays développés, et où le fait de déféquer en public, pas même dans un endroit isolé, est encore une coutume dans certains cas ?

La formule utilisée par Trump pour décrire cela n’est pas très diplomatique, certes, mais je demande à ceux qui s’insurgent: qui d’entre vous n’a jamais utilisé ni même pensé à une telle formulation pour désigner l’un ou l’autre de ces pays ?

Mais il y a des termes moins vulgaires qui choquent également.

– Nadine Morano, utilisant le terme « race blanche » en citant De Gaulle, avait fait polémique en France, alors que ce terme est couramment utilisé pour les statistiques démographiques aux États-Unis pour définir les grands ensembles d’ethnies, comme ici pour la ville de New York.

– Il en va de même à la télévision hongroise Echo TV (qui ne cache pas sa ligne politique conservatrice), où des animateurs n’hésitent pas à traiter les migrants d’ « animaux » à l’antenne (dans cette émission de 2016, à 0:30 et 2:30), en se basant sur le fait que le comportement des violeurs de Cologne – des individus masculins qui agressent et violent des individus féminins en groupe – ne relève pas d’un instinct humain.

– Le même présentateur, Zsolt Bayer, ayant été aussi politicien fondateur du Fidesz, le parti conservateur actuellement au pouvoir, dénonçait également dans un discours public applaudi par le peuple, la « permanente et irréversible altération des fondements ethniques et religieux de l’Europe » (vidéo avec sous-titres en anglais , à partir de 4:10), au travers d’un programme migratoire basé sur des « platitudes droit-de-l’hommistes mal interprétées », et n’hésite pas à qualifier les ministres occidentaux de  « sacs à (…) malades-mentaux et sans cervelle » (13:10) ou de « journalistes pourris jusqu’à la moelle, menteurs, et déshonorants des médias occidentaux ».

Qui imaginerait de tels propos en Suisse, même dans la « Blocher-TV » la plus extrémiste telle qu’imaginable par des gens de gauche ?

Nous vivons dans un monde devenant violent et vulgaire, où les joutes courtoises ont été remplacées par des égorgements, et où ceux qui se bornent à « cacher la merde au chat » par l’usage de la belle langue ou du politiquement correct sont largués. À l’heure donc où même des mouvements qualifiés d’ extrémistes, comme le nôtre, modèrent leurs propos pour ne pas choquer inutilement, le Président des États-Unis parle de « pays de merde » et des animateurs sur une télévision d’un pays de l’Union Européenne, la Hongrie, qualifient les migrants d’ « animaux ».

La peur d’être amalgamé à de méchants racistes pour nos propos, ou même d’être mal vu pour avoir osé élever trop la voix, ou pour avoir utilisé un terme menaçant la compétitivité économique de la Suisse, est un problème chez nous. Car la peur d’être mal vu, de sortir des normes acceptables, est encore un tabou chez nous. Toutefois l’effondrement de nos valeurs, couplé à une justice sociale politiquement correcte, a fait apparaître cet étonnant paradoxe qui est qu’aujourd’hui le mot « blanc » est devenu plus tabou que les mots « enc**** » ou « putain ». Il suffit d’écouter quelques minutes les discussions des gens à la gare ou dans un talk-show de la TV française pour s’en convaincre.

Et il est impératif – dans ces temps où la parole se libère – que la jeune génération ne tombe pas dans cette culpabilisation sur les mots qui, en plus d’auto-censurer sa liberté d’expression, entrave au final la liberté de penser. Soyons fiers de notre langue, soyons francs dans nos propos, tout en sachant éviter l’insulte et rester moins vulgaire que nos adversaires ; mais disons les faits tels qu’ils sont, défendons ceux qui osent délier leur langue, et ne nous laissons pas démolir par des accusations fallacieuses !

Il n’y a pas de mots qui soient intrinsèquement blessants : il y a des mots qui existent car leur sens décrit une vérité qui existe. Et la vérité blesse.

RH45

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