L’avènement du « Cinquième Etat »
L’actualité nous offre un spectacle permanent dont certaines scènes, relayées par les médias comme s’il s’agissait de signes annonciateurs de l’arrivée du bonheur universel, donnent beaucoup à réfléchir.
L’un des exemples les plus marquants de ces derniers mois étaient les photos d’un Somalien de 28 ans, élu maire d’une ville anglaise, posant accroupi sur son bureau de fonction, portant un t-shirt au texte insultant, chaussé de docs vertes et coiffé d’un sombrero.
On se remémore involontairement l’image d’un président de la république française, penché humblement sur le lit d’hôpital d’un petit criminel allogène, comme pour négocier avec lui, pour acheter la « paix sociale », fût-ce au prix de la condamnation d’agents de police, coupables d’avoir exercé leur métier. On pourrait encore parler d’un Macron, invitant à l’Elysée, à l’occasion de la « fête de la musique », une bande de dégénérés complets, éructant leurs vagissements pornographiques. L’ampleur de ces sinistres bouffonneries nous incite à réintroduire un concept, qu’avait déjà abordé, à la fin des années 60, Julius Evola : l’avènement du « Cinquième Etat »i.
Mythe du « Progrès » et réalité de la décadence
Les hommes de Droite ne croient pas en l’ « Histoire », écrite avec un grand H. Car, pour nous, c’est le cœur et la volonté des hommes, qui font et défont l’histoire. Il faut toutefois admettre que l’historiographie de gauche a su se pencher sur les dimensions profondes de l’histoire. Elle s’est attelée à analyser les processus et les phases de transition entre les différents types de civilisation et de sociétés. Au-delà de ce mérite, cette historiographie a commis et continue de commettre, dans nos belles universités où la gauche est hégémonique, deux erreurs fondamentales. La première est qu’elle ne s’est basée que sur les structures économiques et les développements techniques. La deuxième erreur des historiens de gauche est d’avoir créé de toutes pièces un dogme immuable : les progrès techniques entraîneraient fatalement un « Progrès social », suivant une forme linéaire, allant forcément dans le sens d’une conception abstraite de l’ « Egalité ». Tel serait le « sens de l’histoire ».
Une historiographie de Droite ne saurait évidemment souscrire à ce fatalisme matérialiste, économiste et grossier. Ce sont justement les événements qui n’ont cessé de démontrer qu’il n’y a aucun « sens de l’histoire », et que l’histoire est bien plutôt le domaine de l’inattendu. Nous refusons aussi de croire à ce mythe du « Progrès », inventé par des philosophes du XVIIIème siècle poursuivant des buts idéologiques. Il ne s’agit que d’une religion de fanatiques bornés, voulant par tous les moyens conformer la réalité à leurs fantasmes.
En revanche, nous pouvons rechercher dans l’histoire les cycles et les phases de naissance, d’apogée et de décadence. Nous pouvons nous appuyer sur l’idée que toute organisation sociale comprend deux principes élémentaire : les forces d’ordre et les forces du chaos. L’organisation sociale, donc l’Etat, naît de la volonté de maîtriser les forces chaotiques. Les affaiblissements civilisationnels permettent à ces forces négatives de se libérer et de prendre peu à peu le dessus. S’il doit y avoir une interprétation de Droite de l’histoire, c’est bien celle-ci. Pour citer Adriano Romualdi :
« Être de droite signifie, [en second lieu,] voir la nature décadente des mythes rationalistes, progressistes, matérialistes, qui préparent l’avènement de la civilisation plébéienne, le règne de la quantité, la tyrannie des masses anonymes et monstrueuses »ii.
Peut-être faut-il encore préciser, dans une époque dominée non seulement par les idéologies de gauche, mais aussi par la « culture » des vidéos Youtube et autres, que le refus du « progressisme » ne signifie pas rejeter les innovations techniques, ni de retourner au char à bœufs. De même, le fait de concevoir l’époque actuelle comme une phase de décadence ne doit pas être compris comme la nostalgie de telle ou telle particularité de telle ou telle époque. Elle ne doit pas non plus être limitée à la critique de certaines mœurs sexuelles. On parle ici de la chute des valeurs spirituelles et éthiques, et, surtout, de la conception de l’Etat. Un regard sur les gouvernements occidentaux actuels, dénués de toute volonté politique, incapables de prendre des décisions nécessaires, inaptes à défendre leur territoire et leur population, devrait suffire comme démonstration.
Du Tiers Etat au Quatrième Etat
En Occident et dans les autres cultures d’origine indo-européenne, l’Etat traditionnel s’était basé sur la complémentarité et l’équilibre entre trois fonctions vitales : l’autorité spirituelle et sacrée, l’aristocratie guerrière et les forces économiques. A la suite de longs bouleversements sur lesquels nous ne nous étendrons pas ici, cet équilibre a été brisé et l’ordre traditionnel s’est effondré. Il a été remplacé par une domination absolue de l’économie et des forces bourgeoises et ploutocratiques qui en tenaient les rênes. Le primat du politique sur l’économique a été inversé. En conséquence, les nouveaux rois de l’époque se sont révélés incapables de maîtriser l’emballement des développements de l’industrie et du capitalisme, qui ont donc provoqué de profonds bouleversements sociaux, accompagnés d’injustices flagrantes. Ainsi sont nées de nouvelles couches sociales, formées par les masses des travailleurs industriels. Les révoltes spontanées contre des conditions de travail et de logement inacceptables ont rapidement été exploitées par des intellectuels, qui se sont donnés pour mission de « libérer la classe ouvrière ». En dévoyant les aspirations naturelles des hommes au bonheur, à la paix, à la justice, ils cristallisèrent le mécontentement des ouvriers et en firent un instrument révolutionnaire. Le mythe du Quatrième Etat était né.
Les thuriféraires du Quatrième Etat ont agi comme de véritables possédés et les pires des fanatiques. Prêts à tout pour arriver au pouvoir, soi-disant pour créer la « société sans classe », ils ne reculèrent devant aucun moyen, pas même les plus fourbes et les plus sanguinaires. Là où ils arrivaient au pouvoir, comme les réalités résistaient aux vérités du « socialisme scientifique », ils commirent les pires massacres de masses : le bilan des régimes communistes a dépassé les 100 millions de morts. On a même constaté, ironie du sort, que ces régimes, qui proclamaient que leur seul but était le bien-être matériel des pauvres et des travailleurs, parvenaient à faire mourir de faim leur population. La répression était telle que le rêve de tout un chacun était de s’enfuir du « paradis socialiste » pour se réfugier dans l’ « enfer capitaliste ».
Vieille gauche et Nouvelle gauche
Le spectacle terrifiant qui transparaissait d’au-delà les barbelés entourant le « camp socialiste » avait commencé à inquiéter nombre de théoriciens et propagandistes occidentaux du « paradis rouge » : le sort de nombre de leurs semblables qui vivaient dans les régimes de l’Est ne leur paraissait plus si enviable. Remettre en question le marxisme, en revanche, leur était impossible ! Les dogmes du marxisme sont immuables. Ils commencèrent donc à élaborer d’abstruses spéculations pour démontrer que tel ou tel régime n’était en réalité pas vraiment communiste, qu’il était « déviationniste », « révisionniste », etc. Il fallait donc reprendre le marxisme sous une forme « plus pure », « plus à gauche ». Ils s’enthousiasmèrent de la manière la plus béate pour les monstruosités qu’étaient la Chine maoïste, l’Albanie, le « Kampuchéa démocratique »… Pourtant, malgré leurs brillantes démonstrations, ces ingrats d’ouvriers occidentaux montraient de plus en plus de peine à les suivre. Les plus échaudés de nos possédés se mirent même à la « guérilla urbaine », c’est-à-dire à commettre toute sorte d’assassinats en pleine ville.
Les intellectuels marxistes ne l’avouèrent jamais, mais, derrière le rideau de leurs certitudes et de leurs abstractions, ils découvraient une réalité terrifiante, bien plus terrifiante pour eux que ne l’était la réalité des goulags: en fait la classe ouvrière … n’existait pas ! Du moins, elle n’existait pas en tant que « prolétariat révolutionnaire », uni, instrument désintéressé de la révolution mondiale. Certains ouvriers se mettaient à leur compte, d’autres se trouvaient satisfaits de leur jardin et de leurs congés payés, d’autre faisaient étudier leurs enfants… Manifester pour des augmentations de salaire leur plaisait, mais le faire contre la guerre du Viêtnam les intéressait beaucoup moins. Et quand les ouvriers, dont on croyait la « conscience de classe » jusque-là immaculée, se trouvèrent mis en concurrence avec des travailleurs immigrés, on découvrit avec horreur qu’ils pouvaient même devenir « xénophobes et racistes » !
Les théoriciens professionnels de la Subversion n’allaient pourtant pas abandonner le marxisme, mais ils allaient le renouveler. Puisque le prolétariat avait osé les trahir, eux, les détenteurs de la vérité universelle, ils allaient se trouver un prolétariat de substitution, c’est-à-dire de nouveaux bataillons à instrumentaliser pour servir leurs fantasmes de « révolution mondiale ». Ainsi, au cours de la deuxième moitié du XIXème siècle, naissait la nouvelle gauche. Elle abandonna ses anciennes « amours ouvrières » aux derniers brontosaures de la « vieille gauche », pour découvrir le « potentiel révolutionnaire » des « minorités » : les « femmes » (concevoir l’ensemble des femmes comme une minorité suffirait déjà à démontrer une certaine inanité), les homosexuels, les marginaux de toute espèce, les immigrés.
La nouvelle gauche et le Cinquième Etat
Le Cinquième Etat a pris la place du Quatrième dans le monde théorique des intellectuels maintenant néo-marxistes. Les féministes hystériques et les amateurs de Gay-Pride fournissent une avant-garde particulièrement active à la nouvelle gauche. Mais son objectif principal est de mettre en mouvement les masses allogènes, car celles-ci disposent d’un potentiel numérique énorme : le Tiers Monde à la démographie galopante.
Pour les agents de la Subversion, les masses immigrées extra-européennes constituent l’instrument de la future révolution mondiale. Les hordes de déshérités en guenilles correspondent à l’image des vengeurs dont rêvent nos intellectuels néo-marxistes. Enfin, une armée innombrable de malheureux à la peau sombre pourra balayer la civilisation occidentale, blanche et capitaliste, coupable de tous les péchés du monde. D’ailleurs, on hurle « No borders ! » pour augmenter sans cesse les effectifs de cette invincible armada.
Ce nouveau prolétariat n’est pas conscient ? Aucun problème, on va lui fournir, en quantité industrielle, de la théorie « anti-impérialiste », « antiraciste », « décoloniale », et même ouvertement antiblanche. Beaucoup d’entre eux seraient musulmans ? Aucun problème non plus, nos théoriciens sont des matérialistes et croient donc que l’Islam, comme toutes les religions, disparaîtra de lui-même le soir de la révolution mondiale. Et d’ailleurs, l’Islam est une religion d’opprimés, n’est-ce pas… Les musulmans méritent bien certaines concessions, quelques mosquées, barbes, burqas et écoles coraniques n’ont jamais fait de mal à personne…
Pour gagner les masses allogènes, tout est bon. On manifeste pour le moindre délinquant arrêté, on valorise les « pères des travailleurs immigrés qui ont reconstruit l’Europe », on accable les Européens qui doivent expier… On prend aussi un plaisir infini à se pâmer devant la musique rap, amas de borborygmes primaires vantant la violence, la haine et les plus bas instincts. Il n’y a là aucun hasard, car la « racaille » immigrée est … le type même du « sujet révolutionnaire » pour nos néo-marxistes ! Complètement déraciné et plein de haine, il est tellement parfait qu’il est encore plus parfait qu’un islamiste ! Il faut ajouter ici que nos adorateurs de la racaille n’ont peut-être pas tort sur tous les points. Car, contrairement à ce que pensent certains républicains obtus obsédés par un hypothétique « retour du Moyen Age », l’islamisme actuel, terroriste et sanguinaire, est bien un phénomène post-moderne. Il donne aux racailles du Cinquième Etat un arsenal de justifications idéologiques pour assouvir leurs désirs sanguinaires.
Le Cinquième Etat est déjà au pouvoir à Londres, à Sheffield et ailleurs. La nouvelle gauche veut faire hâter son avènement. Comme autrefois, la Subversion mondiale prépare un nouveau bolchévisme, porté par des millions de Tchândâlas de tout poil et de toutes les couleurs, avides de biens matériels, pleins de rancœur et de haine, appelés à déferler sur un Occident ramolli et décadent..
Chaque culture a sa morale, sa culture, et même sa conception de la guerre. Les sociétés traditionnelles faisaient la guerre pour les dieux et pour la Cité. Le Tiers Etat le faisait pour la patrie. Le Quatrième Etat pour son estomac, parfois pour la révolution socialiste. Et le Cinquième Etat, pourquoi se bat-il ? Pour rien. Il est la violence gratuite et la haine pure. Pour nous, il nous reste à savoir s’il y encore assez d’hommes debout pour lutter face au règne du Chaos.
David Rouiller
20.8.2018
i L’article d’Evola a d’abord paru dans un quotidien en 1969. Il a été traduit en français et édité dans deux recueils : Explorations – Hommes et Problèmes, Pardès, 1989, 312 p. ; Phénoménologie de la Subversion, Editions de l’Homme libre, 2004, 143 p.
ii Adriano Romualdi, La « culture de Droite » entre imposture et authenticité, in : Philippe Baillet, De la confrérie des bons Aryens à la nef des fous, Akribeia, 2018, 194 p.