Walter Mittelholzer, ou l’antithèse de notre société amorphe et éteinte

Le Suisse moderne ne se prend que trop peu à rêver. Les fesses vissées sur son canapé, les yeux rivés sur sa tablette, le Suisse moyen du 21e siècle consulte ses derniers courriels.

Plus tôt dans la journée, il a pris des transports en commun bondés, il s’est juré pour la centième fois qu’il prendrait son vélo la prochaine fois mais l’hiver il fait trop froid, l’été trop chaud alors le Suisse moderne reprendra son même bus qu’il paie d’ailleurs beaucoup trop cher, encore et encore. Après huit heures au bureau, au chantier ou à l’usine entrecoupées d’un menu du jour à peine mangeable ou de minables sandwichs triangles, le Suisse estampillé deuxième millénaire est rentré chez lui avec le même bus inondé d’étudiants bruyants, de travailleurs transpirants et d’allogènes en tout genre.

Entre son arrêt de bus et son appartement il a eu le droit à cinq minutes de répit, à l’air libre, il a sûrement dû rêver un peu ou bien ruminer sa journée, sa vie et pourquoi pas s’imaginer être quelqu’un d’autre quelques secondes…

Il y a un peu près 90 ans, en février 1927, fraîchement trentenaire, Walter Mittelholzer atterrissait au Cap après un périple de plus de deux mois entre la Suisse et l’Afrique du Sud à bord son vétuste Dornier Merkur de la vieille compagnie aérienne suisse Ad Astra Aero dont il était l’un des propriétaires. Ce Saint-Gallois né en 1894 était un pionnier, aviateur, photographe, explorateur et écrivain.

En 1925, il survole un sommet de 5’670 mètres en Iran et quatre ans plus tard, il devient le premier homme à voler au-dessus du Kilimandjaro. Entre temps, parti de Zürich, il réalise ce fameux premier vol reliant le Nord de l’Afrique au Sud du continent (Alexandrie-Le Cap) en 23 escales sans moyen moderne de communication et de navigation en 77 jours. En 1931, il co-fonde et devient directeur technique de la nouvelle compagnie Swissair et s’érige alors en véritable pionnier de l’aviation civile suisse.

Six ans plus tard, l’aventurier décède au cœur d’une nouvelle aventure, dans un accident d’alpinisme en Autriche alors âgé de 43 ans seulement. Il nous laisse plusieurs ouvrages, de nombreux clichés de zones parfois très peu explorées à son époque et surtout une trace indélébile dans l’Histoire suisse.

Dans cette société molle, dénuée de rêveries et d’aventures, paralysée par la peur de la mort et du sacrifice, nous nous devons de nous inspirer de héros comme Walter Mittelholzer. Inspirons-nous de nos plus illustres compatriotes et apprenons à nouveau à être de brûlants idéalistes avant qu’il ne soit trop tard ! Vivons notre vie et ne laissons pas le temps avaler notre destinée. La Suisse, comme toute nation, a besoin de héros pour continuer à aller de l’avant.

RH 12

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