Être militant.

« Être militant signifie deux choses en même temps.

Cela signifie militer pour une cause, un parti, un mouvement, une nation, un peuple, une victoire.
De nos jours, cela se traduit par être présent, résister et persister sans victoire tangible, parce qu’il n’est pas possible de renverser tout un système de vie avec la seule présence politique.
Ceux qui ne se fatigueront pas rapidement continueront par fidélité et par habitude à être présents, espérant que quelque chose changera, que les gens se réveilleront, que les choses ne continueront pas à aller comme elles vont…
Bref, ils seront là, refusant de se rendre.

Ceux qui abandonneront se diront – et vous diront – que le militantisme a été une expérience magnifique mais qu’il ne sert à rien, ne change pas le monde, il est inutile.
Ils n’ont raison qu’à moitié.

L’inutilité n’est pas dans le militantisme, l’inutilité est dans le manque de stratégie, dans le décalage historique avec quoi agissent ceux qui tracent les lignes politiques. L’inutilité est dans l’absence d’une véritable classe dirigeante sans laquelle aucune révolution, aucune réaction, aucune conservation, aucune subversion ne peuvent réussir.
Je vais y revenir.

Parlons maintenant de la deuxième signification du militantisme.

Elle est existentielle, philosophique, essentielle.
Le militantisme vous apprend à être discipliné, à obéir, à assumer un style, à être, en somme, vertical.

Obéir est fondamental: seuls ceux qui apprennent à obéir apprennent à être maîtres d’eux-mêmes. Seuls ceux qui ont obéi peuvent commander efficacement et de manière exemplaire. Les chefs qui n’avaient pas auparavant de chefs à leur tour ont souvent été à l’origine de catastrophes.

La hiérarchie est le point focal du militantisme, non pas comme une soumission, pas même comme une adoration de ses chefs, mais comme une voie de croissance existentielle qui renforce la personnalité au détriment de l’individualisme et de l’égoïsme.

Vita est militia super terram

“La vie est la milice sur terre” (ce qu’on pourrait aussi rendre par “la vie sur terre est milice”). Ces mots du prophète Job ne se différencient pas de la pensée de Platon, de celle de la Bhagavad Gita ou de Saint-Bernard.

L’étymologie qui nous explique bien des choses !

Le mot Milice vient du sanskrit, de la racine “mil” qui signifie réunir, ressembler. C’est donc une mobilisation commune et un entrelacs, qui nous ramène à l’idée du faisceau romain.

C’est de cette racine qu’on évalue originairement les choses si l’on considère que l’unité de mesure c’est la mille. De là vient la marche: de Miles qui parcourent des milles qui souvent ont pavé eux-même. Nous voici bientôt à l’idée de Légion, celle de l’homme qui se bât, qui sert un idéal et qui bâtit aussi, des cités et des routes.

Pour les grecs les soldats, l’Hoplite, était un anagramme de Politis, le Citoyen. C’est une vision qui est très semblable de la romaine parce qu’elle sous-entend un “service” communautaire dans lequel l’ego fusionne dans l’impersonnel.

Les bases de toute milice sont donc l’impersonnalité et le service. Puisqu’elle est aussi sélective et que les expériences acquises les éloignent de celles des gens communs, souvent les guerriers subissent la tentation de se sentir des initiés par rapport aux autres, tel fut le cas dans le mithraïsme impérial. Ils en avaient bien plus le droit que les tribus urbaines d’aujourd’hui mais cet enfermement dans leur supériorité, même s’il ne tomba pas forcément dans le narcissisme, les a coupé en quelque sorte d’une de deux branches de la milice: celle justement de l’union avec les autres.

Pourtant Auguste en se donnant ce nom qui a comme racine le verbe augere, et qui signifie celui qui fait augmenter, fait croître, avait bien compris la fonction existentielle et pédagogique de la milice. Il n’y a pas de milice si on ne la correspond pas à deux nécessités à la fois:

– celle d’être au service d’autrui, sans se demander s’il le mérite ou pas, mais parce que c’est ainsi que cela doit être; et

– celle de se battre dans une conception du monde fondée sur la justice et la défense du faible. C’est ce qui était en somme la Chevalerie du Moyen-Age.

Il est frappant de remarquer comment les Révolutions Nationales du XXème siècle, ont nommé leurs forces armées “Milice”, alors que les communistes les nommaient “Garde”. Il y a, déjà dans le choix des mots, une opposition évidente dans la conception de la vie, du monde et des êtres humains.

Le plus primordial dans cette vision militante consciente c’est que le résultat pratique, pour important qu’il soit, n’équivaut pas à la droiture du geste, du sacrifice et d’être en paix avec soi-même pour le devoir accompli. C’est ce qui a permis au poète, peintre, écrivain, penseur et militant italien Julius Evola de décrire ainsi l’action désespérée accomplie par les fascistes lorsqu’ils continuèrent une guerre déjà perdue… “Nous avons fait ce qui devait être fait”.

Le militantisme, lorsqu’il est conscient et assumé, nous permet aussi d’adopter une hiérarchie des valeurs qui demande des sacrifices qui, une fois accompli, nous montrent comment et combien des choses qui nous paraissaient fondamentales soient en effet accessoires ou inutiles, et même parfois venimeuses. Il nous permet d’être éveillé et de ne plus être possédé par les désirs et les angoisses.

Ceci vaut pour l’homme de milice qui rayonne aussi un calme et une sérénité autour de lui qui peuvent devenir contagieux et changer, imperceptiblement mais profondément, les choses. Ceci ne se vérifiera pas si on ne garde pas l’humilité et l’amour pour les autres, qu’ils déçoivent ou pas nos attentes trop humaines, notre but ne doit pas être de rechercher la gratitude ou la récompense. En fait comme disaient nos ancêtres “la vertu est récompense à elle-même”.

Donner un sens pratique à son militantisme

Revenons maintenant au problème que je posais au début de ce discours. Si le militantisme politique n’obtient pas de fruits concrets, s’il ne change pas les choses, s’il ne va pas au-delà de la protestation pour dénoncer les maux de cette société, c’est la faute de ses classes dirigeantes.

Les maux de cette époque, l’exhibitionnisme, l’individualisme, l’égoïsme, la superficialité, la précipitation, ont déterminé la politique de la droite radicale et de la droite nationale des dernières décennies.

Pourtant notre famille de pensée a été à l’avant-garde pendant sept décennies, en anticipant les thèmes et les solutions aux problèmes.
Depuis trois décennies ce n’est plus ainsi.
Prisonnières du spectacle, nos classes dirigeantes vivent dans la vitrine, elles pensent toujours au présent et jamais au lendemain. Elles n’ont jamais mis à jour la pensée et l’analyse, elles répétent des choses écrites par d’autres générations et elles croient que cela suffit pour réussir, pour être acclamé.

Superficialité et démocratie, j’appelle ces folies.

Pourtant le monde a changé. Il faut faire face à la réalité telle qu’elle est devenue.
La révolution satellitaire a tout modifié, à commencer par notre façon de communiquer et de percevoir la réalité (réseaux sociaux, whatsapp, etc), laquelle se caractérise en outre par la mort démographique des sociétés les plus riches et par une explosion démographique dans les sociétés les plus pauvres, ce au moment même où les voyages de masse sont les plus faciles, comme en témoigne l’invasion des “migrants”.

Nous allons aussi vers une société dans laquelle se développent rapidement toutes les dynamiques menant au transhumanisme, ainsi que celle de la robotisation, laquelle pourrait rendre presqu’inutile l’existence du prolétariat.

Nous sommes confrontés à une transformation ahurissante et nous devons être à la hauteur de la situation.

Il va falloir qu’une classe dirigeante national-révolutionnaire, digne de ce nom, se lève à la hauteur de ces défis.

Et qu’elle se munisse aussi de la stratégie et de la méthodologie révolutionnaires qui ont finies actuellement aux oubliettes.

Cela n’est pas requis aujourd’hui à vous qui êtes jeunes.

En même temps j’ai remarqué que la génération des 18-35 ans, aujourd’hui, a des atouts majeurs par rapport à celle qui domine (36-50 ans). Parce que vous avez grandi dans une societé qui été déjà en quelque mesure celle-ci, la post-moderne, et vous n’avez pas été ennivrés par les succès aléatoires que le populisme démocratique a concédé aux nationalistes.

Donc vous êtes un grand potentiel.

Vous pouvez venir au but de ce problème, qui est évidemment un problème de tête. Mais qui ne sera jamais résolu si l’on ne part pas du coeur: donc de la discipline militante qui est plus importante que son résultat pratique.

Coeur et tête: que ce soit votre engagement pour toujours ! »

Gabriel Adinolfi

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