Le piège de la croissance infinie : une illusion au service de la finance.

Le monde de la finance est un endroit fantastique, où les lois – tant physiques que juridiques, ne semblent pas s’appliquer. Par exemple, il est possible pour ses maîtres de créer de l’argent d’un claquement de doigt, de couler des pays entiers en passant un simple coup de téléphone ou de faire élire n’importe qui en décidant ce qui est mis en lumière et ce qui doit au contraire rester caché. Heureusement, le système actuel a quand même ses faiblesses. La plus grande est son besoin vital d’une croissance exponentielle continue, alors que cela apparaît de plus en plus inapplicable sur le long terme.
Le moteur du capitalisme financier est l’usure. C’est à dire, le fait de prêter de l’argent avec des intérêts. L’usure a été longtemps interdite en Europe – jusqu’en 1694 pour être exact, car c’est un concept hautement immoral. Afin de mieux comprendre pourquoi, prenons un exemple simple : vous avez un gâteau, et vous avez la possibilité de le prêter avec intérêt. Votre choix se fait donc entre manger le gâteau ou obtenir un gâteau et demi en récompense de ne pas l’avoir mangé. Un comportement normal serait le suivant : si vous avez faim, mangez votre gâteau, sinon partagez-le. Mais se faire récompenser pour son abstinence au service de l’avidité encourage l’avarice, et étant donné que le prêteur n’a pas besoin de travailler, cela encourage aussi la paresse. On comprend donc pourquoi cette pratique était proscrite par la Bible et le Coran. Seuls les Juifs ont eu le droit de l’exercer au Moyen-Âge, ce qui a permis à leur communauté d’amasser des sommes énormes et d’avoir la main mise sur le monde de la finance jusqu’à aujourd’hui.

Au contraire, la dette simple – suite à un prêt, est beaucoup plus légitime. Qui n’a jamais emprunté quelque chose ? Que ça soit un outil, de l’argent, un ingrédient qu’il vous manque, il est totalement naturel de prêter au sein d’une communauté. Là où ça se complique, c’est dès que l’on commence à y ajouter des intérêts. Reprenons l’exemple du gâteau, mais en nous plaçant de l’autre côté. Lorsque vous l’empruntez avec des intérêts, vous devez le manger et faire fructifier l’énergie qui y était emmagasinée (ou pas) pour en produire un et demi, et ensuite donner le fruit de vos efforts. Cela paraît simple, mais ça implique surtout une croissance continue. De plus, elle devra se montrer exponentielle car le système se montrera de plus en plus gourmand tant que ce modèle rapporte.

Mais où est le problème direz-vous ? Il n’y a qu’à produire toujours plus, et ce modèle économique pourra perdurer à tout jamais… C’est exactement là que le bât blesse. En effet, il est impossible, et même dangereux, de vouloir maintenir cette croissance indéfiniment. C’est pourtant ce que l’on essaie de faire aujourd’hui, à n’importe quel prix. Nous sommes arrivés à un point où un ralentissement de la croissance serait tellement catastrophique que nous sommes obligés de nous endetter toujours plus pour survivre.
D’où vient cette perte de confiance dans la monnaie? Le système monétaire que nous utilisons est basé sur du vide. L’abandon de l’étalon-or pour le dollar a conduit à la création d’une véritable monnaie de singe qui n’a pas d’autre valeur que celle du papier sur lequel elle est imprimée. L’argent ne se mange pas, ne produit aucune énergie, et ne peut être utilisé que si votre interlocuteur lui juge une valeur. Notre société a séparé la richesse du capital, car elle a oublié que la monnaie n’est qu’un moyen d’échange pour ce dernier. Le contenu de votre porte-monnaie ne peut pas être utilisé (au sens alimentaire ou énergétique) tel quel, et les chiffres affichés sur votre compte bancaire n’existent concrètement pas.

La croissance à laquelle on aimerait nous faire croire repose uniquement sur l’utilisation de la planche à billet, principalement par la réserve fédérale américaine, et est donc totalement artificielle. Il ne faut plus se demander SI ce système s’effondrera, mais plutôt QUAND… Au lieu d’accepter l’idée que notre façon de faire est vouée à l’échec et commencer à changer notre mode de vie, nous préférons engraisser un système qui s’autodétruit et risque de tous nous emmener dans sa chute.

Regardez ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis en 2008, où plus récemment en Grèce et en Espagne. Une bulle financière est peut-être prévisible dans certains cas, mais sa portée et son intensité resteront inconnues jusqu’à sa résorption. Renseignez-vous un peu sur les crises historiques et leurs origines, vous allez vite déchanter : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_crises_mon%C3%A9taires_et_financi%C3%A8res

 

 

Revenons à l’usure. Pour pouvoir définir un taux d’intérêt (soi-disant) juste, l’investisseur doit connaître les risques de perte auxquels il s’expose lui et son investissement. Ce calcul vous est présenté comme simple par votre banquier ou vos actionnaires, mais il est automatiquement faussé car il repose en réalité sur une erreur de logique : comment voulez-vous employer des mathématiques finies (des modèles utilisant un nombre limité de symboles) pour définir un système infiniment complexe tel que l’économie ? Votre créancier pourra vous faire croire qu’il a réussi à prédire les risques au sein d’un modèle de société stable, mais qu’en est-il des risques que ce modèle s’écroule ? Quels sont les risques qu’un événement inattendu surgissent et viennent gripper la machine ? Ils sont imprévisibles, car ‘’chaotiques’’ ou ‘’aléatoires’’. Pour aller plus loin, lisez « Le cygne noir, la puissance de l’imprévisible » de Nassim Nicholas Taleb.

Il est contre-productif de s’enfermer dans un univers rationnel lorsque l’on étudie une chose qui n’obéit justement à aucune loi rationnelle, par exemple les marchés financiers. L’une des causes de cette irrationalité est le principe réflexif : les marchés réagissent à la perception qu’en ont les observateurs (tradeurs, spéculateurs, etc.) et influencent ainsi les résultats espérés. N’importe quelle observation connue de l’observé, même si elle n’est pas objective ou véridique, est touchée par cette réflexivité et devient par conséquent subjective, ramenant ainsi la plus poussée des études au même niveau de crédibilité qu’une œuvre de fiction.

L’un des dangers de la globalisation voulue par nos élites, est qu’elle donne une importance mondiale à la plupart des échanges et des relations, ce qui occasionne un choc au même niveau en cas d’échec. Toute la résilience dont nous devrions faire preuve est perdue, car nos intérêts sont confiés à des puissances étrangères et déconnectées. Afin d’essayer de regagner une partie de celle-ci, tournez-vous vers le marché local, ne confiez pas votre argent à autrui (banque, fond d’investissement etc.), ne tombez pas dans l’arnaque du crédit et évitez les dettes avec intérêts.

 

 

Il est certes facile de blâmer les autres en cas de crise et de pertes financières, mais vous êtes le seul responsable de l’utilisation de votre capital. Alors faites en sorte qu’elle soit intelligente, ne cherchez pas le profit mais au contraire faites en profiter votre entourage, qui au contraire de votre banquier ou de Wall Street ne disparaîtra pas en vous laissant seul au moindre problème. Résistance Helvétique encourage à adopter un mode de vie plus respectueux de soi-même et des siens, où les intérêts personnels ne prennent plus l’ascendant sur ceux de la communauté. La société actuelle est vouée au déclin, et il est important de commencer à changer de comportement dès maintenant.
RH63

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